On en parle entre amis (après deux verres de vin), on en lit des articles, on tombe dessus en série Netflix, et parfois… on y pense pour de vrai : « Et si on essayait le libertinage ? ». Certains imaginent une aventure glamour dans un club feutré, d’autres frissonnent rien qu’à l’idée de voir leur partenaire flirter avec quelqu’un d’autre. Entre fantasme et angoisse, le libertinage intrigue. Alors, est-ce une voie d’épanouissement sexuel ou une bombe à retardement pour le couple ? Sans suspens : ça dépend surtout… de vous deux.
Libertinage, késako ?
Derrière le mot, il n’y a pas qu’une seule pratique. Le libertinage peut être :
- Regarder d’autres couples en action (voyeurisme),
- Se montrer un peu soi-même (exhibition),
- Partager des caresses, des baisers ou plus, avec d’autres partenaires.
Bref, c’est un terrain large, qui va du soft au très explicite. Mais la règle d’or reste la même : ce n’est pas de l’infidélité, car tout est décidé, partagé et consenti.
Important : le libertinage, ce n’est pas « perdre » son couple, c’est choisir ensemble d’ouvrir un espace sexuel.
Pourquoi ça attire autant ?
Soyons honnêtes : la routine sexuelle existe, même dans les couples les plus heureux (coucou le contrat sexuel implicite non renouvelé). Le libertinage apparaît alors comme une promesse d’adrénaline. La science confirme d’ailleurs que la nouveauté stimule le désir (Mark et al., 2004). Voir son partenaire dans un autre contexte, ou partager une expérience excitante ensemble, peut réveiller une libido endormie.
Mais il n’y a pas que ça :
- Pour certains, c’est réaliser un fantasme,
- Pour d’autres, repousser ses limites,
- Et parfois, juste nourrir la curiosité.
Les (vrais) bénéfices possibles
Quand il est choisi à deux, en pleine conscience et sans pression, le libertinage peut : donner un coup de frais à la vie sexuelle, renforcer la complicité (oui, parler de ses envies sans tabou rapproche), développer la confiance (« si je t’autorise à explorer, c’est que je sais que tu reviens vers moi »). Une étude de Conley et al. (2007) montre même que les couples non-monogames consensuels sont tout aussi satisfaits, voir plus, que les couples monogames.
Mais attention aux pièges
Le libertinage n’est pas Disneyland : il n’y a pas de fast pass vers le bonheur sexuel. Mal préparé, il peut vite virer au drame conjugal.
- La jalousie peut exploser au premier baiser échangé.
- Les non-dits : si l’un dit « oui » pour faire plaisir à l’autre, la rancune guette.
- Le manque de cadre : sans règles précises, tout le monde ne vit pas la même soirée.
Petit rappel utile : le libertinage ne répare pas un couple en crise. Il amplifie ce qui existe déjà : si vous communiquez bien, il peut vous rapprocher. Sinon, il risque d’accélérer la chute.
Ce que je vois en consultation
En cabinet, j’entends souvent deux types de discours :
- Les couples curieux, complices, qui veulent explorer ensemble. Dans ce cas, mon travail consiste à les aider à poser des limites claires, à anticiper les émotions et à construire un cadre où chacun se sent en sécurité.
- Les couples en difficulté, qui envisagent le libertinage comme un dernier recours pour rallumer la flamme. Là, on gratte un peu : est-ce vraiment un désir partagé, ou une tentative de fuir un problème plus profond (désir en berne, manque de communication, blessures non réparées, etc.) ?
Dans le premier cas, le libertinage peut être une aventure excitante et enrichissante. Dans le second, il vaut mieux d’abord soigner le lien… avant d’aller tester les clubs libertins.
Comment savoir si c’est fait pour vous ?
Voici quelques questions simples à vous poser :
- Est-ce une vraie envie commune, ou l’idée de l’un des deux ?
- Etes-vous capable de parler de jalousie, de peur ou de malaise sans jugement ?
- Avez-vous posé vos « lignes rouges » (ce qui est OK et ce qui ne l’est pas) ?
- Savez-vous comment vous en parlerez si ça se passe mal ?
Le libertinage n’est ni un poison, ni une baguette magique. C’est un choix qui peut être enrichissant pour un couple solide, et destructeur pour un couple fragile. Ce que je répète souvent en consultation : ce n’est pas le libertinage qui fait ou défait un couple, c’est la communication et la confiance qui existe avant. Alors, si vous en avez envie, parlez-en. Si vous êtes curieux, explorez… mais ensemble, et avec des règles claires. Et si vous sentez que ce sujet cache d’autres difficultés, il est peut-être temps d’en discuter en thérapie.
Vous réfléchissez à ouvrir votre couple, ou vous vous posez des questions sur la jalousie et le désir ? La sexothérapie et la thérapie de couple sont des espaces pour en parler sans jugement.

